Les bienfaits du verset du Trône [Âyat al-Kursî]
- vendredi 5 mars 2004, par Ibn Abd Al-Hâdî
BismiLLehi ar-Rahmâni ar-Rahîm
Allâh - Subhânahu - dit :
« Allâh ! Point de divinité à part Lui, le Vivant, Celui qui subsiste par lui-même "Al-Qayyoûm".
Ni somnolence ni sommeil ne Le saisissent. A Lui appartient tout ce qui est dans les cieux et sur la terre.
Qui peut intercéder auprès de Lui sans Sa permission ? Il connaît leur passé et leur futur. Et, de Sa science,
ils n’embrassent que ce qu’Il veut. Son Trône « Kursî », déborde les cieux et la terre,
dont la garde ne Lui coûte aucune peine. Et Il est le Très Haut, le Très Grand. » [1]
L’Imâm Ibn Kathir (rahimahullâh) dit dans l’explication [Tafsîr] de ce verset :
« Le verset du trône [Ayat al-Kursî] revêt une grande importance. En effet, d’après un hadîth authentique [Sahîh],
le Messager (sallallahu ‘alayhi wa sallam) dit qu’il est le meilleur verset du Livre d’Allâh.
[...]
D’après ‘Ubay Ibn Ka’ab, le Prophète (sallallahu ‘alayhi wa sallam) l’interrogea
à propos du verset le plus important du livre d’Allâh et il répondit : « Allâh et Son Messager le savent mieux ».
Et puis le Prophète (sallallahu ‘alayhi wa sallam) lui répéta la même question et ‘Ubay finit par dire :
« C’est le verset du trône ». Le Prophète (sallallahu ‘alayhi wa sallam) lui dit alors :
« Félicitations pour ton savoir O Abâ Mundhir. Au nom de Celui qui tient mon âme en Sa main,
il (le verset) possède une langue et deux lèvres qui glorifient le Roi au pied du Trône » [2] [3]
Abû Hurayra (radhiallâhu ‘anhu) a dit :
« Le Messager d’Allâh (sallallahu ‘alayhi wa sallam) m’a confié la garde de la Zakat du ramadhân.
Et puis quelqu’un vint prélever des denrées et je l’ai saisi et lui ai dit :
je t’emmènerai au messager d’Allâh (sallallahu ‘alayhi wa sallam). Il me dit :
« Lâche-moi, nous sommes ma famille et moi-même très nécessiteux ». Je l’ai relaxé.
Au matin, je me suis rendu auprès du Prophète (sallallahu ‘alayhi wa sallam) et il m’a dit :
« Il a évoqué une grande nécessité et une famille [nombreuse]. C’est pourquoi j’ai eu pitié de lui et l’ai relaxé. »
« La vérité est, dit le Prophète, qu’il vous a menti et il reviendra. »
C’est alors que j’ai su qu’il retournerait puisque le Prophète (sallallahu ‘alayhi wa sallam) l’a prédit.
Je l’ai guetté et il revint prélever de la nourriture et je l’ai saisi et lui ai dit :
je te présenterai au Messager d’Allâh (sallallahu ‘alayhi wa sallam). Il dit alors : « Lâche-moi,
nous sommes ma famille et moi-même très nécessiteux ». Je l’ai relaxé.
Au matin je me suis rendu auprès du Prophète (sallallahu ‘alayhi wa sallam) et il m’a dit : « Qu’a fait ton prisonnier d’hier ?
- Je lui dis, ô Messager d’Allâh ! Il a évoqué le besoin et une famille [nombreuse].
C’est pourquoi j’ai eu pitié de lui et l’ai relaxé. » La vérité est qu’il vous a menti et il reviendra,
dit le Prophète (sallallahu ‘alayhi wa sallam).
Je l’ai guetté pour la troisième fois et il revint prélever de la nourriture et je l’ai saisi et lui ai dit,
je t’emmènerai au Messager d’Allâh (sallallahu ‘alayhi wa sallam) car c’est la troisième fois
que tu prétends que tu ne reviens pas mais tu l’as fait. Il dit : « Laisse-moi t’apprendre des mots qui te seront utiles.
Lesquels, lui ai-je dit ?
quand tu te couches sur ton lit, récite le verset du Trône [Ayat al-Kursî] :
« Allâh, il n’y a point de divinité en dehors de Lui, le Vivant, le Substituant »
Jusqu’à la fin du verset.
Si tu le fais Allâh t’affectera un gardien, et Satan [Chaytân] ne s’approchera pas de toi jusqu’au matin.
« Je l’ai relaxé. Et puis, au matin, je me suis rendu auprès du messager d’Allâh (sallallahu ‘(alayhi wa sallam) et il m’a dit :
« Qu’a fait ton prisonnier d’hier ? - Je lui ai dit : « Il a prétendu m’avoir appris des mots dont Allâh me fera profiter... »
Quels sont ces mots ?
Il m’a dit : quand tu te couches sur ton lit, récite le verset du Trône depuis le début jusqu’à ce que tu le termines :
« Allâh, il n’y a point de divinité en dehors de Lui, le vivant, le Substituant »
Et il m’a dit qu’Allâh m’affecterait un gardien et que Satan [Chaytân] ne s’approcherait pas de moi jusqu’au matin ».
- Les gens (de l’époque) étaient les plus soucieux d’apprendre tout ce qui était un bien.
Le Prophète (sallallahu ‘alayhi wa sallam) a dit : « En réalité, il vous a dit la vérité, même s’il est un menteur.
Tu sais à qui tu as affaire depuis trois nuits ?
Non
C’est Satan [Chaytân] [4]
Abû Hurayra a rapporté que l’Envoyé d’Allâh (sallallahu ’alayhi wa sallam) a dit :
« Dans la sourate « La Vache », il y a un verset [Âyat al-Kursî] qui est le Chef des Versets du Coran,
il n’est pas récité dans une maison sans que le démon ne la quitte. » [5]
[1] Coran, 2/255
[2] Rapporté par Muslim
[3] Tafsîr al-Qor’ân al-’Adhîm de Ibn Kathîr, vol-2 p.399
[4] Rapporté par al-Bukhârî dans son Sahîh
[5] Rapporté par Al-Hâkim
Exégèse de la sourate Al-Fâtihah
Par chaikh Addurrahmân ibn Nâsir As-Sa'dî
Traduction de l'exégèse de la sourate Al-Fâtihah tirée de l'ouvrage de Cheikh Abdurrahmân ibn Nâsir As-Sa'dî intitulé :
Taysîr Al-Karîm Ar-Rahmân fî Tafsîr kalâm Al-Mannân
Au nom de…
C'est-à-dire je commence par tout nom qu'Allah possède car le terme « ism » (nom) est au singulier et il est annexé ;
il comprend donc tous les plus beaux noms.
Allah
C'est celui qui est adoré, le seul qui le mérite, au vu de Ses qualités qui sont celles de la divinité
à adorer et celles de la perfection.
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux
Ces deux noms indiquent qu'Allah possède une immense miséricorde qui embrasse absolument tout.
Il a décidé qu'elle reviendrait à ceux qui prendraient garde à Lui et qui suivraient Ses prophètes et Ses envoyés,
ils obtiennent la miséricorde absolue alors que les autres n'en ont qu'une partie.
Par ailleurs, il faut savoir que croire en Allah et en Ses qualités avec ce qu'elles impliquent fait partie des bases
sur lesquelles les Anciens (salaf) de cette communauté et ses grands guides sont unanimes.
Par exemple, ils ont pour dogme qu'Allah est rahmân (Tout Miséricordieux) et rahîm (Très Miséricordieux) ;
qu'Il possède la miséricorde qu'Il s'est attribuée et dont celui qui en bénéficie est l'objet.
Tous les bienfaits sont donc une des traces de Sa miséricorde. Cet exemple est valable pour tous les noms divins ;
on dira ainsi du nom 'alîm qu'Allah est savantissime, qu'Il possède l'omniscience qui Lui permet donc d'avoir connaissance de tout.
Allah est également qadîr ; Il a le pouvoir de tout faire…
La louange revient à Allah
Il s'agit de l'éloge faite à Allah en citant Ses qualités parfaites et Ses actes qui ne sont que grâce ou justice.
C'est donc à Lui que reviennent entièrement les louanges, quelles qu'en soient les formes.
Seigneur des mondes
Le terme « rabb » (seigneur) désigne celui qui prend soin des différents mondes, c'est-à-dire tout ce qui est autre qu'Allah,
du fait qu'Il les a créés, mis des moyens à leur disposition et leur a accordé d'énormes bienfaits sans lesquels
ils n'auraient pu rester en vie. Ils n'ont, en fait, rien qui ne vienne de Lui.
Le soin que porte Allah à ses créatures est de deux sortes :
Un soin d'ordre général : c'est le fait de les créer, de subvenir à leurs besoins,
de leur indiquer où se trouvent leurs intérêts, ceci leur permettant de perdurer.
Un autre plus particulier : c'est le soin qu'Allah porte à Ses alliés. Il parfait leur foi,
leur en facilite le chemin et leur évite bien des obstacles.
Cette attention divine est en fait une aide à réaliser toute forme de Bien et une immunité contre tout mal.
C'est sûrement la subtile raison pour laquelle on emploie le terme rabb (Seigneur) dans la plupart des invocations,
leurs vœux sont en effet tous inclus dans le sens particulier de la rubûbiyya (les propriétés du seigneur).
Lorsque Allah dit : rabb al-'âlamîn » (Seigneur des mondes) cela prouve qu'Il est le seul à créer, à diriger et à prodiguer les bienfaits.
Cela montre également qu'Il n'a besoin de rien ni personne et que tout à besoin de Lui, quel que soit le point de vue.
maître du jour de la rétribution
Al-mâlik est celui à qui la royauté (ou la possession) est attribuée. Il en découle, notamment, le fait qu'Allah ordonne,
interdise, récompense, punisse et agisse librement envers Ses esclaves.
L'objet de la royauté (ou de la possession) est le jour de la rétribution,
c'est-à-dire le jour de la résurrection lors duquel les gens seront traités en fonction de leurs actes, bons ou mauvais,
car il leur apparaîtra clairement ce jour-là que le pouvoir d'Allah est total ainsi que Sa justice et Sa sagesse.
Il sera également clair que le pouvoir des créatures aura pris fin, si bien que les rois et leurs sujets,
les esclaves et les hommes libres seront sur un même pied d'égalité. Tous seront dociles face à Sa grandeur,
inclinés devant Sa puissance, dans l'attente de Sa rétribution, ils nourriront l'espoir de Sa récompense et redouteront Son châtiment.
Pour toutes ces raisons, Il a cité cette journée en particulier, en effet, les autres jours lui appartiennent également.
c'est Toi que nous adorons et c'est de Toi que nous implorons l'aide
C'est-à-dire : Tu es, exclusivement, celui que nous adorons et dont nous implorons l'aide.
En effet, lorsque le mot régit précède le régent on parle alors d'exclusivité,
c'est l'affirmation du statut en faveur du mot cité et uniquement en la faveur de ce dernier. Cela revient à dire :
« nous T'adorons, Toi et personne d'autre que Toi et nous implorons Ton aide et aucune autre que la Tienne ».
L'adoration est citée avant l'imploration ; le général est mentionné avant le particulier.
Cela est également cité dans un ordre qui fait passer le droit d'Allah avant celui de son adorateur.
Le terme « adoration » regroupe tout ce qu'Allah aime et agrée comme paroles et actes,
qu'ils soient apparents ou non. Quant à la demande d'aide (isti'âna) c'est le fait de compter sur Allah
lorsqu'il s'agit de s'attirer le bénéfique et de repousser le nuisible, et d'avoir pour cela une totale confiance en Lui.
Accomplir l'adoration d'Allah et demander Son aide sont le moyen d'accéder au bonheur éternel et d'être à l'abri de tout mal.
On ne peut espérer être sauf sans accomplir les deux.
Par ailleurs, l'adoration n'est véritable que lorsqu'on la tient de l'envoyé d'Allah et que la Face de Dieu en est le but.
Par ces deux éléments, c'est une adoration.
Allah a mentionné la demande d'aide après l'adoration bien que cette dernière inclue l'autre parce que l'esclave
a besoin de solliciter l'aide d'Allah pour toutes ses adorations. En effet, s'Il ne l'aide pas il ne peut parvenir à son but,
qu'il s'agisse d'obéir à un ordre ou à une interdiction.
Allah dit ensuite :
indiques-nous le droit chemin
C'est-à-dire : indique-nous le droit chemin, facilite-le nous, guide-nous vers lui.
C'est le chemin clair qui mène vers Allah et le paradis, c'est le fait de connaître la vérité et de la traduire en actes.
Guide-nous donc vers ce chemin et guide nous lorsque nous nous y trouvons.
Guider vers le chemin signifie délaisser toutes les religions au profit de l'islam.
Etre guidé sur le chemin comprend les détails de la religion en terme de savoir et de pratique.
Cette invocation est donc des plus globales et des plus bénéfiques pour l'adorateur,
c'est d'ailleurs pour cela que l'être humain se doit de l'adresser à Allah lors de chaque unité de prière (rak'a) car il en a plus que besoin.
le chemin de ceux que tu as comblé de tes bienfaits, non pas celui de ceux qui ont encouru Ta colère ni celui des égarés
Ce droit chemin est par ailleurs celui « de ceux que tu as comblé de tes bienfaits » ;
les prophètes, les véridiques, les martyrs et les pieux. Et non pas le chemin de « ceux qui ont encouru ta colère » ;
ceux qui savent la vérité mais la délaissent, tels que les juifs ou leurs semblables.
Ni celui des « égarés » qui sont loin de la vérité suite à leur ignorance et leur égarement,
comme les chrétiens et ceux qui leur ressemblent.
Conclusion
Ainsi donc, cette sourate, bien que concise, comprend plus d'éléments que n'importe quelle autre.
Elle inclue les trois sortes d'unicité (tawhîd) :
L'unicité d'Allah en tant que seigneur est déduite de l'expression « Seigneur des mondes ».
Son unicité en tant que divinité adorée. C'est le fait de Lui vouer un culte exclusif.
Cela est déduit du terme « Allah » et de l'expression coranique « C'est Toi seul que nous adorons ».
L'unicité d'Allah par Ses noms et attributs. C'est-à-dire attribuer à Allah ce qu'Il s'est lui-même attribué
et ce que Son messager Lui a attribué, sans nier ces noms et attributs,
ni considérer qu'Allah est comparable ou semblable à qui que ce soit. Le terme « la louange… » (al-hamd) prouve cela,
comme nous l'avons précédemment vu.
Al-Fâtiha inclue également l'affirmation de la prophétie quand Allah dit : « Maître du jour de la rétribution ».
Cela signifie par ailleurs que la rétribution sera juste car le terme al-dîn signifie « la juste rétribution ».
On y trouve également l'affirmation du destin et du fait que l'être humain est bien le propre acteur de ses actes.
Cela va à l'encontre des qadarites (négateurs du destin) et des jabrites (négateurs du libre-arbitre).
Cette sourate inclue même la réponse à tout innovateur et à toute personne égarée,
cela à travers l'expression « Guides-nous vers le droit chemin »
car ce dernier se définit par le fait de connaître le vrai et de le traduire par des actes.
Or tout innovateur et tout égaré se comportent différemment.
Enfin al-Fâtiha inclue le fait de vouer la religion exclusivement à Allah en terme d'adoration et d'aide sollicitée,
et ce à travers l'expression « C'est Toi que nous adorons et c'est de Toi que nous implorons le secours ».
Les louanges reviennent donc à Allah, seigneur des mondes.